Il y a un art d'écouter. Entendre est une chose, écouter en est une autre. Pour écouter réellement on doit mettre de côté tous ses préjugés et ses idées. Écouter est une chose ardue. On n'écoute jamais véritablement car on est saturé d'informations sans valeurs. On est donc jamais libre de se consacrer à l’écoute totale.
On pense savoir tant de choses sur tout et on a un avis sur tout. Il devient alors très difficile d'écouter. Savoir écouter totalement libère, car savoir écouter c’est comprendre, et c’est en comprenant que l’on apprend. Quand on se passionne pour quoi que ce soit on apprend vite. Tenter d’apprendre sans en avoir envie est un effort qui se résume à une simple accumulation de faits. Écouter avec intérêt ne requiert aucun effort, aucune concentration. En revanche, écouter quand on est occupé à juger, devient un effort qui dissipe l'attention nécessaire à la bonne écoute.
Il y a la concentration et puis l'attention. La concentration est un processus sélectif de la pensée qui écarte certaines choses pour se concentrer sur d'autres. C’est une résistance qui se traduit par l’effort d’écarter les images qui se précipitent, pour ne conserver que celles qui nous intéressent.
Et puis il y a l'attention, qui n'est pas un processus sélectif. Quand on est totalement attentif le bruit de la pensée cesse. Être attentif c'est observer le fait d'une chose. Percevoir à travers le filtre de la pensée c'est dénaturer ce qui est et en faire une image, une idée, une abstraction. Il est donc possible de percevoir la nature intrinsèque d'une chose en apprenant à écouter autrement, avec une attention totale.