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L'état permanent de fatigue chronique

La fatigue chronique est le nouvel état normalisé d'une société qui n'a à offrir qu'une vision consumériste du plaisir. Être positif et débordant d’objectifs : telle serait la promesse du bonheur contemporain selon la nouvelle idéologie du développement personnel. Il s'agirait de trouver les ressources en nous-mêmes pour affronter la vie, dépasser ses handicaps et user de techniques abstraites. Le bonheur se cacherait-il derrière la façade plastique d’une société anxio-dépressive pressurisés par les injonctions à devenir l'archétype de son propre bonheur ? Rien de moins !



L'état permanent de fatigue chronique

Il existe deux sortes de fatigue : celle qui résulte d'un effort physique intense et la fatigue psychologique issue d'une charge mentale soutenue et permanente. La première se règle par le repos du corps, tandis que la seconde est bien plus complexe à apaiser. C'est un peu comme l'image d'une batterie qui se déchargerait en permanence et sans autonomie propre. On accepte assez facilement cet état de fait étant impuissant à cerner le problème de fond, la cause profonde. On se tourne alors vers les promesses de la détox émotionnelle prodiguées par des individus qui proposent du yoga ou bien un rééquilibrage alimentaire. Tout ceci n'apporte que des résultats partiels de courtes durées car l'origine des dérèglements n'est nullement adressée.


Il y a comme une crédulité sournoise à penser que l'étirement du corps ou le choix des aliments vont dissoudre les tensions et conflits intérieurs. Mais l'aspect purement physique de ces approches ne peut en aucun cas régler les contradictions d'une existence. Car la peur, le conformisme, la quête de sensations et le manque de vision intérieure doivent être adressés. Mais comment aborder le schéma complexe de l'ego simplement ? Comment identifier les points de tensions ? Comment mettre de l'ordre dans ce désordre permanent qu'est notre quotidien ?


Il y a tant de choses que nous espérons, et nous nous mettons une pression permanente afin de réaliser nos désirs. Nous cherchons des relations harmonieuses dans le couple, dans la famille, avec ses collègues et ses amis. Nous rêvons d'un lendemain qui chante, d'avoir une belle maison, une carrière épanouie, de beaux enfants, d'avoir suffisamment d'argent pour vivre heureux jusqu'à la fin de nos vieux jours. Nous espérons la bonne santé, le statut, la reconnaissance, le pouvoir, l'amour etc. Il y a tant de choses que nous désirons, toujours en quête d'un devenir qui n'arrive jamais. Le fait est que nous vivons dans l'attente d'améliorations qui n'arrivent jamais. Mais nous continuons d'espérer, convaincu qu'un petit coup de yoga, une séance de psy ou la consommation de substances répétée apaiseront ce mal-être existentiel. tout ceci reflète la perte de sens dans une société devenue malade à force d'acceptation et de renoncement.


`Fatigue chronique et bien-être


Mais qu'est-ce au fond que le bien-être ? Peut-on vivre sans cette pression permanente qui nous pousse à vouloir être ce que l'on n’est pas ? Voyez-vous la contradiction d'un tel mode de vie ? Il n’y a rien à devenir, car cela implique une fuite en avant. Le fait est que l’individu est déprimé. Tous ses anciens modèles et schémas s’écroulent. Les changements de paradigmes dans la société ont engendré une angoisse profonde liée au lendemain et à l'insécurité chronique émotionnelle du fait de son isolement, qui meuble désormais tout l’espace disponible. Le quotidien n’est que tensions et mal-être. On rêve d’un ailleurs autrement, mais en attendant le bateau prend l’eau et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne touche le fond.


Il ne sait plus à qui s'en remettre et n'a plus aucune confiance en lui-même. Toutes ses anciennes autorités ont failli : politique, religion, éducation, sciences etc.. Aucune promesse d'amélioration en vue. Il ne sait plus à quel saint se vouer. La dépression normalisée est la nouvelle norme occidentale.


Il n'y a que l'état de fait implacable de cette existence monotone vidée de tout son sens et parsemée que quelques plaisirs occasionnels. C'est du constat sans justification ni condamnation qu'il faut partir. Car quand on identifie un danger on s'en écarte, naturellement. Nous sommes alourdis par le poids de l'existence, qui est la somme des accumulations passées et le diktat du devenir une meilleure version de soi-même. C’est cette relation au temps passé et au futur qui anéantit l'instant présent. Nous sommes devenus lourd à force de croyances et de certitudes. Nous avons engendré une multitude de tensions et la maison brûle…


Cette fatigue chronique : une dépression moderne normalisée.


Nous nous battons sur tous les fronts sans grande efficacité. Nous avons un bureau encombré de mille dossiers ouverts et le disque dur travaille en permanence. Toute la mémoire vive est utilisée pour maintenir le statu quo, aucune autonomie propre. La multitude de sujets en cours donne l'illusion d'une vie riche est remplie. Or c'est justement cette accumulation de taches sans grande valeur qui alourdit le système. Il conviendrait d'archiver les dossiers et de reconstruire le bureau, pour libérer toute la mémoire vive…


Il n'y a pas des problèmes mais le problème de l'existence. La sécurité psychologique ne réside pas dans l'accumulation de convictions ni de certitudes. Seule la connaissance de soi permet cette sécurité psychologique qui efface instantanément les peurs, les tensions et la fatigue chronique.

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