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La servitude de l'optimisme.


Être positif, ambitieux, dynamique et débordant de projets et d’objectifs : telle serait la promesse du bonheur contemporain selon la nouvelle idéologie du développement personnel. Trouver les ressources en nous-mêmes pour affronter la vie et dépasser tous ses handicaps, user de techniques de motivation et de projections abstraites : le bonheur se cacherait-il derrière la façade omni-motivée d’une société anxio dépressive, picousée aux injonctions à devenir la représentation idéale de son propre bonheur ? Rien de moins !

Être positif, ambitieux, dynamique et débordant de projets et d’objectifs : telle serait la promesse du bonheur contemporain selon la nouvelle idéologie du développement personnel. Trouver les ressources en nous-mêmes pour affronter la vie et dépasser tous ses handicaps, user de techniques de motivation et de projections abstraites : le bonheur se cacherait-il derrière la façade omni-motivée d’une société anxio dépressive, picousée aux injonctions à devenir la représentation idéale de son propre bonheur ? Rien de moins !

Nous sommes la première société à considérer l’individu comme le centre du monde et de toutes les attentions. Cette entité incarnerait un mystère unique à révéler coûte que coûte. La société de consommation et le marketing du besoin sont fortement responsables de la représentation de l’être unique. Il nous est acquis de penser qu’il nous revient de devenir le grand ordonnateur de notre accomplissement. Tout semblerait pouvoir se gérer en étant positif. On choisirait donc d’être heureux, ou malheureux. Vraiment ?

Pour cela, il nous est proposé toutes sortes de techniques pour booster notre mental. Pas un espace où le diktat du "devient ce que tu veux être et choisis ton destin » ne soit pas martelé comme autant d’évidences et de sens commun. Les bibliothèques sont remplies de "best-sellers" traitant du bien bien-être et du développement personnel.


La nouvelle idéologie de l'optimisme bat son plein, et le business du bonheur fait recette.


Chacun rivalise d’ingéniosité marketing pour proposer des méthodes uniques. À en croire ces nouveaux gourous de l’épanouissement contemporain, le bonheur est immédiatement possible si l'on est assez crédule. Il s'agirait de payer pour découvrir qu’il suffit d’être de voir la vie en rose pour qu’elle le soit.

On trouve des accompagnements pour tous les aspects de sa vie : amour, sexe, maquillage, fitness, professionnel, performance sportive etc. Il faudrait être dupe pour penser que ce type d’accompagnement conduit à l’épanouissement n’est-ce pas ? Quand on observe nos contemporains, l’individu n’a jamais été aussi seul et isolé intérieurement. Toutes les propositions commerciales qui tentent de le draguer ne sont là que pour meubler le vide et la solitude.

On parle d’utiliser sa personnalité profonde, d’apprendre à s’aimer, à se pardonner, de sourire à la vie pour qu’elle vous sourit en retour etc. Toutes ces formules creuses sont autant de mantras censés donner une direction et un sens à une vie qui n'en a plus.


La religion de l’ego est née, il s’agit désormais de développer son business cognitif.


Quand on prend le temps de disséquer les méthodes proposées, la plus grande majorité des ouvrages est médiocre et sans grand intérêt. Les sujets traités et les mécanismes psychologiques à l’œuvre sont identiques : être confiant en 5 séances, être riche en 6 séances etc. Du narratif bien américanisé pour un objectif assuré d'Eldorado et de terre promise. Plus besoin d’emmagasiner des diplômes pour s’assurer d’un avenir rutilant.


Place au recyclage émotionnel. C'est en touchant le fond, puis en décidant d'être heureux qu’on trouverait les ressorts de la recette du bonheur. On se sentirait ensuite la légitimité d'évangéliser le reste de l’humanité. Côtoyer le diable pour ensuite être dieu soi-même en somme.

Il n’y a jamais eu époque plus narcissique que celle que nous vivons actuellement. Le grand déclin de la société occidentale s’ouvre à nous. Adapter l’individu à un monde malade est la nouvelle proposition que l’on se doit de vénérer. Faute de quoi le conformisme ambiant vous chassera hors de la meute pour préserver sa décrépitude bien à elle.


Le fait est que l’individu donne beaucoup trop d’importance à ce qu’il est, à son être conditionné. Il s’est de facto isolé du reste de l’humanité. Il n'y a plus de frontière entre la "normalité" et la "névrose".


Le monde incarne l'esprit moderne de la décomposition de la faculté critique, au profit d'une culture du paraître, de l'image et plus globalement du néant intellectuel. La lobotomisation est au fond de l'air. Son parfum nauséabond recouvre tout.

Il a beau peaufiner son sourire plastique, blanchir ses dents et travailler son influence sur les réseaux sociaux, tout laisse à penser qu’il est seul et sans réelles connections avec quoi que ce soit. Son état relationnel est quasi inexistant, ou alors bien superficiel. Côté boulot c’est le grand désenchantement et la grande démission.


Il nous faut comprendre que la nature égocentrée et narcissique de l'individu ne peut produire que du désordre. Le fait de se considérer un centre unique qui se doit de tendre vers un archétype de son propre bonheur est de nature contradictoire. Car vouloir être ce qu’on n’est pas engendre une tyrannie du devenir.


Le problème réside dans le concept du libre arbitre et de la liberté de choisir. La société de consommation a donné naissance à l'individualisme. C'est ce dernier qui, depuis son être confus se pose la question du choix.

C'est seulement en comprenant ce qu'est le désordre que l'on peut trouver l'ordre dans sa vie. Alors l'action juste s'impose d'elle-même, sans avoir besoin d'exercer le choix. Par conséquent il n'y a rien à devenir. On incarne ce que l'on est, et les contradictions disparaissent. Plus de tensions, plus de conflits, plus de dépression.

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