La méditation telle que nous la connaissons est limitée, car elle consiste à faire agir la pensée par la concentration. On cherche à se concentrer pour échapper au bruit intérieur de la pensée. Mais elle ne parvient qu'à engendrer de la résistance et de la tension, sans pouvoir réellement découvrir une énergie libératrice. La pensée est conditionnée par le passé, et c'est elle qui se propose de découvrir, par la concentration, s'il y a en soi autre chose qu'un espace conditionné.
Or la concentration est la pensée dirigée. Elle s'efforce d'écarter certaines sensations au profit d'un état de silence. Mais c'est dans un état de tension et de bruit que l’on cherche. Ce que l’on trouve n'est autre que le fruit de cette tension, qui est encore dans le champ de la pensée.
Et puis il y a une forme de méditation qui ne dépend plus de la pensée. Il faut comprendre le désordre qu'elle entraîne pour en être libre. Ce n’est que quand la pensée est totalement tranquille et que l'esprit est libéré de son influence, non pas à force de concentration, que le silence intérieur peut se faire. La méditation est une attention passive. Quand on est totalement attentif il n'y a plus l'ombre de soi. Il n'y a alors que la chose observée, et le bruit de la pensée cessent. L'attention est de l'instant présent, la concentration est du passé conditionné.
La méditation n'est pas une technique qui nécessite un moment particulier pour échapper aux conflits. On parle ici d'un état méditatif permanent. Alors le quotidien devient neuf d'instant en instant, et une énergie vitale abondante et créative peut se manifester dans tout ce qu’on entreprend.