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On a besoin d'espace intérieur pour fonctionner.


Quand on navigue en bateau, on fait souvent des rencontres singulières. On se sent souvent plus connecté dans une amitié naissante qu’avec sa propre famille. Les échanges y sont plus justes, moins édulcorés et plus vivants. Le poids du passé n’a pas encore eu d’influence. On se trouve un peu compagnon de fortune, rescapé de la vie, amoureux du grand large et défiant le conformisme. Ce qui rend la relation singulière c’est qu’elle est furtive à l’échelle de la vie, chacun suivant sa route. On n’a pas le temps de s’attacher, on accepte alors en soi l’impermanence en toute chose.

Quand on navigue en bateau, on fait souvent des rencontres singulières. On se sent souvent plus connecté dans une amitié naissante qu’avec sa propre famille. Les échanges y sont plus justes, moins édulcorés et plus vivants. Le poids du passé n’a pas encore eu d’influence. On se trouve un peu compagnon de fortune, rescapé de la vie, amoureux du grand large et défiant le conformisme. Ce qui rend la relation singulière c’est qu’elle est furtive à l’échelle de la vie, chacun suivant sa route. On n’a pas le temps de s’attacher, on accepte alors en soi l’impermanence en toute chose.


Il y a le besoin de solitude, le partage et puis le cheminement avec les autres. C’est ce qui rend l’instant joyeux, plein de surprises et de découvertes quant à la nature humaine, c’est-à-dire soi-même. On peut aussi opter pour la fuite, mais on retrouve vite la personne qu’on a quittée. On est ce qu’on a été, à moins d’avoir opéré une transformation psychologique entre-temps et de s’être libéré du surplus de bagages. Il n’y a pas de remède miracle.


Il est bien difficile d’observer les faits et de constater ce que l’on est réellement, sans déformations, sans y injecter ses idées. On se voit toujours plus grand que ce que l’on est. Mais qu’est-on vraiment ? Un corps, une forme, un nom, un compte en banque, une nationalité, un statut social, des valeurs, des croyances, une éducation, des images, des traumatismes, des peurs, des expériences, un mari ou une femme, des enfants, une maison, un travail, de la jalousie, de l’envie, de la violence, de l’égoïsme, de l’ambition, etc. On est tout cela à la fois. On est le contenu de sa conscience, qui se trouve être une série d’accumulations dans le temps, telle un mille-feuille.


Le présent est le passé modifié se projetant dans l'avenir. Il nous est impossible de créer du neuf avec du vieux. Alors on invente le futur. Il y a les saisons, la pousse des végétaux, l’heure d’après la montre. Mais il s’agit là de temps chronologique, mais psychologiquement demain existe-t-il ? Le temps implique un processus graduel, transformer ce qui est en ce qui devrait être. Mais existe-t-il une progression d’ordre psychologique nécessitant du temps ? Le temps est le cheminement de la pensée.


Les schémas, les méthodes et les pratiques pour "devenir" impliquent l’effet du temps pour s’accomplir. Mais qu’est-ce qui suscite la transformation, le changement psychologique profond ? Faut-il du temps pour comprendre ou bien est-ce plutôt la perception et le constat qui créent le changement immédiat ? Est-il possible de transformer quoi que ce soit dans l’instant ?


Pour savoir il faut écarter les concepts traditionnels de la progression et de l’effort. Quand on accepte de suivre des systèmes dans l’espoir de réussir, de changer ou de s’améliorer, on se retrouve asservi par le temps.


Peut-on voir la relation entre le temps et le conflit qu’il alimente ? Là où il y a un conflit, l’esprit est dénaturé, biaisé, altéré. Un esprit conditionné ne peut jamais découvrir ce qui est vrai. Il y a une distorsion dès lors qu’il y a un effort. Notre façon traditionnelle d’avancer dans la vie est dictée par un besoin de se réaliser à travers l’effort. On ne sait pas voir le changement autrement que par la progression dans le temps. Ne plus dépendre psychologiquement de demain c’est avoir un esprit clair, apte à percevoir les choses telles qu’elles sont, et sans déformations.


Mais voir clairement nécessite de l’espace intérieur non encombré par bruit des futilités. Il y a un besoin vital d’espace extérieur et intérieur. Quand on accumule les expériences, les souvenirs et le savoir, l’esprit n’a plus d’espace pour fonctionner. Il est saturé. Or on a besoin d’espace pour que cessent les conflits intérieurs.


On nous a éduqué à vouloir et devoir, dans la volonté, qui est une forme de résistance. Est-il possible de renoncer à une habitude sans résister, sans faire intervenir la volonté ni le temps ? C’est seulement quand le temps psychologique disparaît que les conflits cessent. L’esprit peut alors retrouver sa liberté et son espace.

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