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Du besoin de positiver...


Qu’il est difficile d’aller au fond des choses, de s’accorder sur des réponses qui tiennent et de percer le mystère. Chacun y va de son élan pour justifier ses opinions et condamner ce qui n’est pas du narratif en vigueur,  pour arriver ensuite à un consensus en demi-teinte.


Assis en terrasse à boire un verre avec des bateaux amis, la conversation s’est engagée assez naturellement, après les formules de politesse vers les sujets du sens de l’existence et des divers initiatives que chacun exerce pour contribuer à sa manière, à rendre le monde un peu plus beau..


Qu’il est difficile d’aller au fond des choses, de s’accorder sur des réponses qui tiennent et de percer le mystère. Chacun y va de son élan pour justifier ses opinions et condamner ce qui n’est pas du narratif en vigueur, pour arriver ensuite à un consensus en demi-teinte.

Cela implique de jouer des coudes, de s’affirmer, de débattre et d’argumenter. Car nous sommes attachés à nos convictions, identifiés à ces dernières. Sans elles nous ne serions pas grand chose n'est-ce pas ? Mais l’exercice déçoit bien souvent, malheureusement, car on aimerait pouvoir y injecter un souffle nouveau, chahuter les idées reçues, oser tous les débordements. Mais ça ne se fait pas voyez-vous, place à l’échange polissé, à la distraction, et au politiquement correcte.


Nous aimons nous projeter et espérer, imaginer toutes sortes de choses et rêver notre vie les yeux ouverts. Nous appelons cela "positiver". Positiver revient en somme à s'imaginer une réalité qui ne correspond à aucune vérité, issue de la pure prospective.

Nous accordons beaucoup d’importance au réel, à la réalité. Mais quel est ce besoin de sublimer, de transformer ce qui est en ce qui pourrait être ? Pourquoi vouloir à tout prix tendre vers ce qui n’est pas factuel ?


Se projeter implique un observateur et un objet observé. La dissociation permet l’évitement et la perception directe. En se dissociant de l’instant, la pensée créée le censeur, qui juge, compare, évalue, divise. De cette division naît la contradiction et le conflit. Nous faisons appel à la pensée pour toutes sortes de raisons : pour aller d’un point à un autre, pour aller sur la lune... Pour cela nous avons besoin de connaissances. La pensée est utile dans certaines situations : techniques, technologiques, scientifiques etc.. Mais en ce qui concerne les relations humaines et l’aspect psychologique de notre vie, elle est néfaste, car elle donne naissance à l’égo et au moi.


Mais vouloir être ce que l’on n’est pas n’est pas positiver, c’est entretenir l'état intérieur de divisions.

Prenons pour exemple la violence. Nous sommes violents, c’est un fait. Nous inventons alors la non-violence et nous nous racontons qu’il faudrait être non-violent. Mais ce ne sont que des mots... Le fait est que nous sommes violents. Alors la non-violence devient une autre forme d’idéologie. Voilà comment naissent tous les dogmes, religions, mouvements politiques, nationalités. Plutôt que de voir la vérité de l’instant et de s’en affranchir une fois pour toute, nous privilégions la théorie. Nous préférons fuir au travers des projections et des abstractions, parce que nous peinons à fonctionner hors de la culpabilité, notre cher héritage judéo-chrétien..


Mais est-il possible de regarder notre vie, nos contradictions, nos désirs et nos peurs sans jugement, sans la culpabilité ? Cela permettrait sûrement de voir la vérité de l’instant. Faute de quoi nous continuons a nous raconter que la vie pourrait être belle, tout en la vivant dans la laideur au quotidien.

Il y a aussi les initiatives que nous qualifions de "vertueuses". Elles sont légions. Nous mettons beaucoup d'espoir dans ces actions isolées. La grande majorité tourne autour de l’environnement, sujet à la mode, pour les bien-pensants et les mieux lotis. Nous sommes convaincus que planter des arbres, ramasser le plastique des plages, rouler en vélo électrique, consommer bio, être vegan, faire ses courses chez les producteurs locaux et manger les produits de saison allaient nous aider à résoudre les problèmes de l’humanité. Nous pensons ainsi que ces initiatives vont permettre aux mentalités d’évoluer, de changer, en tout cas pour la prochaine génération.


Il n’est pas facile de vivre dans un monde où règne le chaos, sans pouvoir adresser le problème pour soi-mème, sans essayer de contribuer à le rendre un peu plus beau.

Nous avons besoin de trouver du sens, aussi sommes-nous prêts à agir, à notre échelle, avec nos moyens. Mais a y regarder de plus prêt, on s’aperçoit que toutes ces initiatives sont partielles. Elles reflètent des solutions partielles à des symptômes globaux. Elles n’adressent nullement les causes fondamentales. L’environnement est un symptôme n’est-ce pas ? La cause est de toute évidence liée à l’ambition, au pouvoir, à l’argent, au business, à la productivité et le rendement : l’égoïsme et l’avidité en somme. Tant que nous ne réglons pas le problème de l’avidité et de d'égoïsme en nous-mème, nous ne pourrons honnêtement pas prétendre résoudre le problème global de l’environnement. Pensons-nous vraiment que ramasser des sacs plastiques sur un plage permettra de régler les problèmes liés à l’environnement, mème si nous pouvons louer l’initiative et la générosité derrière l'action ? De toute évidence, c’est un leurre. On aurait aimé y croire.


Voyez-vous, il faut mettre de l’ordre dans toutes nos priorités et dans nos pensées. Car tous les problèmes de ce monde sont interconnectés.. Il n’y a pas de problème isolé, en soi.

Tant que nous ne comprendrons pas que le monde c’est nous, et que ce dernier est le reflet de ce que nous sommes, que nous avons créé les conditions actuels, vous et moi, et que le changement doit venir de l’intérieur et non pas d’essayer en vain de modifier les symptômes externes.. et bien nul changement profond ne pourra s’opérer. Rien de changera fondamentalement.


Le sujet n’est donc pas plus l’environnement que les politiciens, les américains, les virus, les pesticides, ni tout autre prétexte, mais bel et bien la transformation de l’individu et de ce que nous sommes. Là se trouve la réponse, le salut, "l’espoir". Et pour cela il est nécessaire de regarder la vérité de notre existence, ne pas se projeter, ni espérer. Nul besoin d’idéologie non plus, elles ont toutes faillis. Il suffit de faire face à ce que l’on est, et du constat, se transformer durablement. Seulement à partir de ce moment-là pourrons-nous vivre en accord avec notre environnement et avec tous les êtres vivants.

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