La pluie est arrivée en trombe, accompagnée de vent et du froid, signes d'une dépression et d'un front froid. Quelle joie de pouvoir contempler la nature à l’œuvre d’un endroit où il fait bon, chaud, et serein.
La joie et le plaisir sont deux choses bien différentes. Le plaisir est une distraction, c’est une chose entendue. Il se peut que l’auteur ait tort mais peu importe. Contentons-nous d’écouter, sans essayer de traduire ce qui est dit selon ses humeurs, sans résistance et sans préjugés. Alors peut-être découvrirons-nous quelque chose de nouveau.
Il y a toutes sortes de plaisirs : posséder une belle voiture, manger une viande saignante, avoir toujours raison, mentir, aller chez Mickey Land, regarder un film, faire du mal etc. Il y a aussi le plaisir d’accumuler de la connaissance et de projeter une certaine image de soi. Mais ce qui nous intéresse ce n’est pas quels plaisirs, mais le plaisir en soi. Il n’y a de plaisir que de ce que l’on connaît, pour l’avoir déjà vécu, pour le reconnaître comme tel.
Le plaisir est du passé et de la pensée conditionnée. Pour qu’il puisse naître, il faut une impulsion extérieure, un mot, une image qui crée le désir. Puis rien que d’y penser la sensation, et de cette sensation naît le plaisir. La sensation, comme l’émotion n’est que la réaction conditionnée de la mémoire et la manifestation du "j’aime ou je n’aime pas". On aime une sensation agréable et inversement. La sensation est donc le produit de la pensée. Elle n’est pas neuve mais conditionnée. Elle appartient au passé. Elle est une forme de distraction.
Pourquoi avons-nous besoin d’être distraits ? Et se distraire de quoi ? Se distraire n’implique-t-il pas une forme de fuite, un évitement, une façon d’oublier ce qui est de l’instant ?
Considérons un véhicule par exemple. Il y a la nécessité de se déplacer d’un point à un autre, et puis le plaisir de posséder un Range Rover, avec l’identification associée, l’image qu’elle renvoie de soi etc. Le plaisir est lié à l’ego, au fait de procurer une sensation agréable à cet ogre insatiable. Avec le plaisir vient la peur, ils sont indissociables : peur de ne pas pouvoir répéter la sensation demain. Il est donc question d’enregistrer un souvenir, une image, toute chose du passé.
La joie est autre chose. Elle n’a pas sa source dans la pensée, elle n’a pas d’image associée, ni de souvenir enregistré. La joie comme l’amour, n’est pas la possession d’une expérience, ni son souvenir. C’est quelque chose de neuf. C’est une perception sans division. Il n’y a pas d’expérience à vivre. Du moment où on en fait une expérience, on retombe dans le moi qui veut accumuler, se donner de l’importance, exprimer sa singularité, c’est-à-dire ses conflits.
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