À quoi bon questionner l’existence quand on peut ronronner près du poêle, endormi ? Pourquoi remettre en cause son mode de vie et ses petites habitudes quand il est si confortable d’en faire abstraction ? Avons-nous compris la nature des conflits et l’état du monde qui nous entoure ?
On ne semble pas y prendre place, pas y être invité, pas être légitime. Est-ce parce qu’on est fainéant dans l'âme ? Est-ce parce que tout cela nous dépasse ? Est-ce parce que l’on s’est laissé déborder ?On préfère espérer, inventer une réalité qui nous arrange et dans laquelle la vérité est absente, puis s’en convaincre. On accepte si facilement la duperie et les leurres. L’état actuel de toute chose reflète tout ce que l’on ne comprend pas : soi-même.
On est bien trop occupé à se perfectionner, et accumuler des expériences. On entretient le passé comme on entretiendrait une maison en ruine. On est si peu exigeant de la vie qu'on se contente facilement de ses petits plaisirs et de ses grandes souffrances. On se raconte qu’il y a moins bien loti et que ça pourrait être pire. On vit un état de complaisance et de quant à soi déconcertant. Le monde semble être une réalité extérieure à soi-même, dans laquelle on ne peut influer. Alors on opte pour le banc de touche, le strapontin et les coulisses. Surtout pas la scène, là où tout se joue.
On est bien trop peureux, incertain, confus. On préfère laisser cela experts de la méthode, de la technicité et de l’enfumage. Il n'y en a pas un pour relever l’autre.
Mais l’existence peut s’avérer merveilleuse, joyeuse, spontanée. Si seulement on pouvait être attentif et déployer toute l’énergie nécessaire à la réalisation de ce que l’on est, comme le colibri en mode stationnaire, immobile et totalement vivant.