On en parle beaucoup et on y pense beaucoup aussi. C’est un sujet majeur qu’il faut étudier minutieusement afin de bien comprendre la place qu’elle doit prendre dans notre vie. Faute de quoi la sexualité devient une source d’énormes tensions, de conflits et de violences.
Quant à la psychologie moderne, elle a cherché à adresser la sexualité en en faisant un problème énorme. Freud s’est imposé comme autorité en la matière. Il a développé la théorie de l’inconscient, tout en se focalisant sur la sexualité. Il lui confère une importance démesurée dans le rôle qu’elle joue au quotidien. Il la considère même plus importante que le besoin de se nourrir. Il a aussi avorté d’une autre théorie tout aussi bancale : le complexe d’Œdipe, à savoir vouloir tuer son père pour coucher avec sa mère. Rappelons qu’il était misogyne et obsédé par le phallus. Il était imprégné de ses propres refoulements et incarnait une vision déformée de la sexualité.
Nous rejetons toutes ces abstractions. Elles ont imposé une pression et une souffrance à toutes celles et ceux qui ont cru devoir s’imposer des standards et des devoirs en matière de sexualité. Toutes les différentes représentations ont contribué à en faire un sujet complexé, conditionné et tabou dans la conscience collective. Pas étonnant qu’il subsiste aujourd’hui autant d’images, de symboles et d’idées à son sujet.
On se trouve aujourd’hui avec une pression toujours grandissante à devoir se contraindre dans le pseudo-épanouissement de ses orgasmes et de ses fantasmes. Faute de quoi on serait frustré et déréglé dans la non-réalisation de soi. On s’impose ainsi des nouveaux standards et des normes auxquels il faut se soumettre. Cela ne fait qu’engendrer plus de tensions, de conflits et de frustrations. Cette démarche ne consiste qu’à donner de l’importance à l’ego et à soi dans une quête toujours grandissante de plaisirs et d’identifications. La encore, nous rejetons tout ceci.
La sexualité a aussi engendré la pornographie sur internet. C’est une culture de la performance, de la marchandisation du corps des femmes, et de toutes les dérives violentes, et les fantasmes vulgaires. Cela n’arrange pas les choses.
Si l’on est un homme, on veut alors ressembler à ces étalons qui peuvent tenir des heures sans jouissance dans des pratiques sexuelles toujours plus déviantes, perverses et brutales. La domination et l’humiliation semblent être les standards en vigueur. On tente alors de s’identifier à des autorités qui sont censées incarner la normalité. Ces archétypes de la pornographie ont établi des standards qui viennent pervertir la découverte des corps, de la sensualité et de la douceur dans les couples. Quant aux femmes et aux images associées, elles encouragent la soumission et la jouissance dans la douleur.
On a ainsi fait de la sexualité un univers paralysant et atrophié d’où la beauté est absente. On s’inflige des images qui conditionnent et dénaturent tout élan naturel et sain. Cependant, la sexualité hors du besoin de contrôle et de sublimation offre la possibilité de découvrir un état où le moi avec tous ses conflits disparaît On se retrouve alors libéré de soi-même, de la pensée et des images. Effectivement, c’est parce que le moi n’est plus, que les conflits cessent d’être opérant, et que la joie peut se manifester. Mais la joie n’est pas le plaisir.
Or nous abordons la sexualité au travers le plaisir uniquement, sans amour profond. La pensée se saisit de l’émotion, s’identifie à elle et en fait un plaisir, un attachement et un souvenir, que l’on souhaitera reproduire à nouveau. C’est elle qui a travesti cette source d’énergie créative qu’est la sexualité. On se retrouve alors dans des rôles bien codifiés, cherchant toujours à en avoir plus, toujours en quête de résultats.
Chez l’homme, la partenaire a tout de la prostituée. Ses images et son besoin de performer conduisent à entretenir une relation biaisée et malsaine. Il ne peut y avoir d’épanouissement dans la sexualité tant que l’on ne résout pas le problème du moi et de l’ego, avec ses images et son besoin de devenir. Nous avons fait d'elle notre seule échappatoire dans un monde où nous sommes contraints par tant de choses, en manque de libertés fondamentales. Nous avons surinvesti dans le rôle qu’elle doit jouer. La culture et la société nous encouragent dans ce sens.
La relation entre partenaires est généralement purement physique. Mais il ne peut y avoir de communion si on utilise l’autre comme un objet. Le mariage et son contrat d’exploitation mutuel encouragent l’homme, dans ses grands appétits sexuels à se servir de sa femme en considérant que c’est son droit. Cela s’appelle le viol ordinaire.
L’homme et la femme ont tant à découvrir d’eux-mêmes et de leur humanité dans la relation amoureuse et sexuelle. Il est possible d’aller au-delà de soi et découvrir une unité et une créativité insoupçonnées. Pour cela il faut aborder la sexualité avec amour, sans l’ombre de soi, et sans images. Il est alors possible de se libérer du poids des diktats de société qui imposent de se conformer à un modèle de sexualité privé d’amour, et totalement égocentré.
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