Tout d'abord qu'est-ce qu'un fait ? Contrairement à une idée qui est une abstraction, le fait est indiscutable. Et cela en fait une vérité. Le soleil est un fait, la souffrance de l'individu en est un autre.
En général, on fonctionne depuis un centre qui évalue, juge, critique et déforme les faits en fonction de ses besoins. Pour pouvoir s’attacher aux images qui nous façonnent, l'ego s'identifie et se renforce en faisant d'une vérité sa vérité, c’est-à-dire une énième abstraction. La fonction de l'ego est de tout ramener à elle en interprétant, en donnant dans l'arbitraire.
A-t-on jamais observé un coucher de soleil dans la béatitude, sans l'ombre du moi qui veut en faire un souvenir, une image, une idée ? Quand on est totalement attentif à quelque chose le moi disparaît. Ce n'est que quand on décrit avec des mots (qui sont des images) ou quand on dit "Oh qu'il est beau ce coucher de soleil !" qu’on en fait une chose du passé, un souvenir. Ainsi, on transforme l'instant en image et en souvenir.
On peut donc dire ceci : qu'en l'absence de l'ego, on perçoit un fait indiscutable sans le déformer parce qu’on est attentif. L'attention n'est pas différente de la chose observée. Point de différence. En revanche quand la pensée s'en saisie elle donne naissance au moi en créant un observateur et la chose observée. Mais la vérité échappe à l'ego, au jugement et à la déformation.