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Écrire pour se découvrir soi-mème.


Qu’il n’est pas facile de conseiller l’autre sur le comment de l’écriture. Il faudrait plutôt évoquer le pourquoi de l’écriture. L’expression écrite, si tant est qu’elle puisse s’adresser au plus grand nombre, c’est-à-dire toucher l’autre en plein cœur, doit exprimer une forme d’universalité. Car raconter sa propre histoire du point de vue de son être conditionné ne présente en soi pas grand intérêt. Tous les grands auteurs attestent de cela.

Qu’il n’est pas facile de conseiller l’autre sur le comment de l’écriture. Il faudrait plutôt évoquer le pourquoi de l’écriture. L’expression écrite, si tant est qu’elle puisse s’adresser au plus grand nombre, c’est-à-dire toucher l’autre en plein cœur, doit exprimer une forme d’universalité. Car raconter sa propre histoire du point de vue de son être conditionné ne présente en soi pas grand intérêt. Tous les grands auteurs attestent de cela.


Percevoir l’universalité d’un phénomène derrière l’anodin est ce qui permet à un texte d’être sublimé. Vient ensuite le style. Céline disait à ce propos qu’il était tout et qu’il n’y avait qu’un à deux auteurs stylés par siècle, c’est dire… Il oubliait de mentionner que l’admirable style dont il était doté cachait une immense sensibilité et une perception de la nature humaine et de « l’universalité » hors du commun.


Je vous propose donc un extrait du journal de bord, lors d’une rencontre sur le bateau à notre arrivée à La Graciosa, la première île des Canaries quand on navigue en descendant depuis les côtes portugaises. Cela n’a aucune vocation littéraire mais servira le propos de l’écriture comme mode d’expression, espérant ainsi rendre la démarche moins hostile.


« On a fait la rencontre d’une famille originaire de Toul. Elle naviguait sur un ancien catamaran de 45 pieds. C’était une génération de voilier à l’anglaise, pratique et efficace. Ils en étaient à leur deuxième transat familiale avec leur fille de 15 ans. Le mari, lui, semblait avoir une bonne expérience de la mer car il en parlait beaucoup. Il parlait surtout beaucoup de lui-même. Quel dommage ! Son attitude générale consistait à s’attirer toute l’attention disponible. Il siphonnait tellement tout au passage que s’en était gênant.


On se sentait obligé de détourner le regard quand il parlait pour ne pas encourager son égocentrisme, pour ne pas donner de continuité à son besoin d’exister goulûment. Il voulait être au centre. Il ne savait pas écouter, ni observer d’ailleurs. Ce qu’il voyait ne lui servait qu’à mesurer combien d’attention il captait, uniquement. Il était plein de lui-même, de ce qu’il savait faire, de ses expériences, ses idées, ses illusions et son chaos.


Et puis il y avait sa femme. Son visage était contorsionné par des impulsions qu’elle ne contrôlait plus. L’œil droit se fermait en partie, tandis que la partie gauche de sa lèvre était peu mobile. La physionomie générale du visage avait trouvé une forme de symétrie dans son désordre. Ça s’équilibrait. Elle était effrayée à l’idée de mourir, c’était palpable. Elle nous confia ensuite avoir échappé à la mort dans un accident de voiture quand elle était plus jeune.


Elle en était encore toute traumatisée rien que d’y penser. Elle ne s’était jamais remise de tout ça. Elle n'était pas encore libérée de sa peur ni de son angoisse. Elle s’était identifiée à sa souffrance en quelque sorte.


Elle en parlait avec des yeux gonflés de larmes et de rougeur. C’était sa façon d’exister, dans la douleur des souvenirs. Elle disait que la seule chose qui la traumatisait était de ne pouvoir dire au revoir à ses enfants si elle venait à mourir. Son attachement et sa peur de les perdre engendraient tout son chaos. Elle s’était aussi convaincue qu’elle n’avait pas d’attachements. Elle vivait ainsi dans la contradiction permanente.


Quant à son mari, il s’était bien habitué à son désordre à elle. Il en parlait comme on parle d’un phénomène naturel ou d’un état de fait. Il s’y était habitué par manque d’attention. Il était trop occupé avec lui-même. À aucun moment il ne pouvait se remettre en question ni considérer que le problème relevait d’une peur non adressée.


Cette brave femme aurait alors pu se remettre à vivre dans la joie et alléger son fardeau. Cela demandait juste un peu de considération n’est-ce pas ? Mais non, c’était trop lui demander, lui d’abord et les autres ensuite. Un grand classique, il suffit de regarder autour de soi…


Et puis il y avait la fille, bonne à rien à l’école semblaient-ils suggérer tous les deux. C’était une rebelle aussi. Elle monologuait parfois après avoir répondu à une question. Elle aussi succombait à une forme de démence. C’était une famille névrosée, sans nul doute, une cellule contaminée par l’égocentrisme, la peur et le manque de clarté intérieure. C’est fou ce que ça vous plombe un groupe le bazar interne ! Tout le monde y avait succombé, sans pitié. Tous marqués au fer rouge.


À y regarder de plus près, on constate que le problème de l’individu est bien le problème de l’ego. Tous les dommages collatéraux trouvent leurs sources dans le moi et la pensée traditionnelle.


L’individu s’est piégé à cause du regard qu’il porte sur lui-même. Il s’est convaincu que tout est complexe et question d’interprétations. Il croit que ce qui vaut pour l’un ne vaut pas pour l’autre. Il s’est aussi raconté que la vérité n'existe pas. Mais non, tout n’est pas compliqué Monsieur ! Tout d’abord il ne faut pas écouter les spécialistes, ces spécimens tous plus déréglés les uns que les autres.


Ils incarnent eux-mêmes la confusion, c’est un fait ! Donnons de la place au raisonnement et aux observations. Apprenons à écouter. Soyons attentifs et la route s’imposera d’elle-même, sans avoir besoin d’exercer de choix, et sans confusion. ».


Extrait tiré du livre "La tyrannie des émotions", disponible sur ce site : https://www.existcoach.com/publication


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