Nous avons quitté Porto de bon matin et sommes allés chercher le vent en nous écartant de la côte, SSW. Il faut rester vigilant la nuit pour éviter les casiers, filets et bateaux de pêche qui encombrent la côte portugaise. Naviguer dans une obscurité sans lune, c’est embrasser l’inconnu etfaire confiance, aller au-delà du connu, être vivant. Il n’y a pas de routine, d’habitude ni d’automatisme. On ne peux l’aborder qu’avec beaucoup d’humilité. On doit accepter de ne plus faire appel à ses sens classiques et se reposer sur les instruments de navigation. La pensée est utile pour naviguer d’un point à un autre. C’est elle qui a inventé l’électronique nécessaire au déplacement sur l’eau, avec grande précision.
La pensée est une réaction de la mémoire et n’est autre que le moi, la personne, l’égo, la conscience et tout son contenu. Appelez-là comme vous voudrez, car la description importe peu. Mais le fait est que nous sommes centrés sur nous-mêmes, notre confort, notre sécurité, et tutti quanti. Il y a peu de place pour "l’autre", qui est en fait le miroir de ce que l’on est. Et que sommes-nous sinon un reflet de nos préoccupations, nos ambitions, notre devenir, nos projections, toutes choses inventées par la pensée.
Est-il possible de vivre au-delà de ce carcan, de cette enveloppe, et de son incessante quête de plaisirs ? Au-delà de nos peurs et de la défiance, afin de partager l’essence de ce que l’on est, c’est à dire cette flamme ?
Là ou l’égo a besoin de s’exprimer pour la plupart, la flamme se contente d’être chez l’individu émancipé. Chez certains elle brûle généreusement, alors que chez d’autres elle semble complètement éteinte. Et sans flamme la vie reste dans l’obscurité. Tandis que là où la lumière se fait, l’obscurité n’est plus.
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