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Le sport est une activité de la pensée.


Observer comme écouter nécessite une qualité d’attention dans laquelle la pensée s’arrête de courir, sans objectifs. Or on ne fonctionne qu’au travers des challenges et des défis. Le sport en est un bon exemple. Dans cette activité on se fixe des buts pour se dépasser. On a une certaine image de ce que l’on aimerait accomplir et devenir. Alors on travaille sur soi-même pour devenir ce que l’on n’est pas. Tendre vers quoi que ce soit demande naturellement un certain temps pour y arriver. De cet intervalle né la contradiction.

Observer comme écouter nécessite une qualité d’attention dans laquelle la pensée s’arrête de courir, sans objectifs. Or on ne fonctionne qu’au travers des challenges et des défis. Le sport en est un bon exemple. Dans cette activité on se fixe des buts pour se dépasser. On a une certaine image de ce que l’on aimerait accomplir et devenir. Alors on travaille sur soi-même pour devenir ce que l’on n’est pas. Tendre vers quoi que ce soit demande naturellement un certain temps pour y arriver. De cet intervalle né la contradiction.


Puis il y a les efforts physiques, la douleur et la violence. Le sport provoque aussi la déception, le jugement de soi et les blessures psychologiques : sentiments d’échecs pour ne pas avoir été à la hauteur.


Difficile de parler de sport sans parler de compétition. Dans cette discipline, on a besoin de se mesurer, se comparer et vaincre son adversaire. Cela relève davantage du combat, avec sa victoire ou sa défaite. C’est une approche guerrière en somme, car vouloir écraser son ennemi entraîne naturellement de la violence.


Le véritable ennemi c’est soi-même. Voici donc l’origine des guerres, incarnée dans les prétendues valeurs du sport. Puis on en fait une religion que l’on inculque à nos enfants. La doctrine du sport est une activité qui nous évite de penser. Mais pendant qu’on fait la guerre, les conflits intérieurs demeurent. Le dépassement entraîne des efforts, de la douleur physique et psychologique. On trouve du plaisir et de la satisfaction dans la souffrance et la violence que l’on s’inflige. On force, et on s’efforce pour ne pas lâcher, et tenir la distance. Le jugement et la culpabilité justifient toutes les souffrances. C’est pour la bonne cause dit-on. Ça entretient le corps et la santé. Cela relève plutôt du masochisme.


Il y a aussi du narcissisme à travailler sur soi, à se peaufiner, sculpter son corps, se regarder dans le miroir, se trouver beau, désirable et viril ou sexy. Il y a de la starification à aduler ses propres images. Le sport est avant tout une activité de la pensée et de l’ego.


Un corps en bonne santé ne fait pas pour autant un être en bonne santé, loin de là. On a tendance à privilégier la santé du corps, ne sachant comment entretenir celle de l’esprit. Aller à l’église n’a rien à voir avec l’esprit, c’est du domaine de la distraction. Cependant il est nécessaire d’avoir la santé de l’esprit pour avoir la santé du corps (les deux sont indissociables). Cela nécessite un certain état d’ordre dans sa vie. Sans cela le corps se dérègle à la longue. Malgré les activités sportives on en vient à développer toutes sortes de symptômes et de maladies. Le stress et l’anxiété ainsi que notre mode de vie sont les responsables de ces troubles. Le sport ne peut créer l’équilibre global à lui seul.


Il est cependant possible d’entretenir la santé du corps naturellement, sans violence, sans conflits, et sans compétition. Cela s’appelle vivre, se déplacer en marchant, cultiver son jardin, jouer avec ses enfants, bricoler, faire de la voile, nager etc. Cela s’appelle surfer, golfer sans compter le score, par plaisir du geste et de la balade. On entretient la santé du corps dès lors que l’on est dans autre chose que la mesure et la compétition, sans la violence, ni les objectifs. A-t-on jamais considéré cette approche ? L’activité incessante de fourmis dans sa vie est la conséquence d’actions sans fin et du manque d’attention.


C’est en comprenant toute la structure psychologique de l’activité, du sport, de la douleur et de la violence qu’il est possible de mettre la maison en ordre et de régler ses problèmes. Pour cela il faut consacrer le juste temps nécessaire aux différents aspects de sa vie, sans exagération, sans déséquilibre, sans violence ni souffrance, avec justesse et précision.


Percevoir c’est d’abord observer attentivement, puis agir ensuite. L’action qui en découle n’est plus de même nature.

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