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Le désordre est en nous.


Il faut être un peu sensible pour ressentir toute la violence du quotidien. L’esprit nous réserve encore bien des surprises. Mais la véritable violence est dans l'enfermement intérieur. Il est dans ce que l’on est, piégé à force d’exister dans l’isolement et la distance réglementaire. On est encore l’enfant blessé, meurtri, à force de s’être trop comparé, jugé, évalué, conformé. On a perdu toute notre grandeur et notre innocence. On nous a coupé les ailes dès le commencement, dans la violence de l’autorité parentale, puis à l’école de la république, dans les règles, les principes et les contradictions.

Extrait du journal de bord « Confessions du grand large », mars 2020


Ça y est, la Martinique a fermé ses commerces "non essentiels" comme ils disent. Il fallait suivre le mouvement de la métropole des technocrates. La dictature sanitaire orchestrée par des incompétents doit s’appliquer partout, même si ça n’a pas de sens, que voulez-vous… On ne peut plus s’asseoir à la terrasse d’un café pour observer le splendide déclin de l’occident sans montrer patte blanche.


Il faut être un peu sensible pour ressentir toute la violence du quotidien. L’esprit nous réserve encore bien des surprises. Mais la véritable violence est dans l'enfermement intérieur. Il est dans ce que l’on est, piégé à force d’exister dans l’isolement et la distance réglementaire. On est encore l’enfant blessé, meurtri, à force de s’être trop comparé, jugé, évalué, conformé. On a perdu toute notre grandeur et notre innocence. On nous a coupé les ailes dès le commencement, dans la violence de l’autorité parentale, puis à l’école de la république, dans les règles, les principes et les contradictions. Toutes les injonctions à être et à devenir un bon petit soldat bien au pas nous ont formatées. On nous a fait bouffer du passé et des valeurs mortifères. Il n’y a plus guère d’espace restant dans le disque dur. On ne peut plus réfléchir sereinement. On est saturé, comme le foie gras atrophié des oies prisonnières qu’on a gavées pour les bouffer ensuite à Noël, avec les pioupious. Il n’est pas bon le foie gras de la mamie hein ? Pauvres bêtes. Que le plaisir est cruel.


Il y a les conditions extérieures d’une épidémie, et puis les conditions intérieures d’enfermement. Voyez comme il est devenu impossible d’évoquer quoi que ce soit sans faire face à la polémique, sans tomber dans la controverse et la partisannerie, sans prendre parti. C’est pathétique ! Les convictions et les idéologies ont engendré des relations et des échanges sans communication. On est devenu des spécialistes du débat et de l’argumentation. On se trouve désormais comme dans les arènes du temps des gladiateurs. La vie ou la mort. Pour ou contre. On ne sait plus faire autre chose qu’être dans l’antagonisme, la division et le conflit. On est devenu des politiciens corrompus, des censeurs castrateurs, des juges impitoyables. Il faut absolument blesser l’autre, voire l’humilier en attendant la mise à mort. C’est le principe du sport. C’est ce qu’on nous enseigne à l'école et qu'on partage avec nos enfants. La confiance nous échappe car la fondation est si fragile, vacillante, instable.


Cet état permanent de non-communication est ce que nous appelons "relation". Mais être en relation veut dire partager, communier. Et pour partager il faut s’entendre sur le sens des mots et non les interpréter selon ses humeurs. Cela implique de voir leur vérité et la contempler en soi-même. Il faut de l’humilité et de la curiosité pour découvrir comment dépasser son état de confusion. Il faut d’abord se libérer de tout ce qui est mensonger. Il n'est pas nécessaire de vouloir gagner un argument qui n’a pas de sens. Le besoin de se distraire et la mise en scène de soi sont puérils.


Cet état actuel d’isolement intérieur se retrouve dans l’état psychologique de l’individu. Il est au bord des larmes à la moindre contrariété. La tension, le doute, la fragilité et l’hyper-conscience de soi sont les signes d’une décomposition de la santé mentale et d’un déclin de la conscience collective aussi. Pas l’ombre d’une quelconque vitalité. On s’enfonce un peu plus chaque jour dans l’obscurité et l’obscurantisme.



Il y a bien entendu diverses initiatives individuelles et collectives pour tenter de trouver du sens et de provoquer des changements de mentalité. Mais toutes sont issues de la fragmentation de l’esprit. Elles sont des coups d’épée dans l’eau. Elles manquent de perspective globale. Chacun se bat pour défendre une partie de la vérité. Mais une multitude de morceaux ne fait jamais un tout. Sans un changement profond et total, les différents fragments d’initiatives n’ont que des effets très limités, voire contre-productifs.


L’écologie et la culpabilisation du citoyen sont le nouveau moyen de masquer les causes du désastre écologique engendré par les politiques, les industriels, les militaires, le consumérisme, l’obsession d’une croissance à deux chiffres et le profit etc. Non, il faut revoir nos certitudes car elles ne nous mènent nulle part. Tous les dérèglements constatés sont issus de l’individu. Il n’y a rien à attendre des hypothèses ni des théories de quiconque. Attendre d’un autre esprit conditionné c’est produire encore plus de désordre.


On semble refuser de voir en soi les causes du chaos environnant. On nous a élevé à chercher les coupables chez tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Jamais on ne nous a expliqué qu’on était la société. L’état de division du monde est l’état des relations que l’on entretient. Il nous revient donc de nous transformer et d’agir non pas sur les facteurs extérieurs, qui ne sont que les reflets de notre condition intérieure, mais sur ce que l’on est, c’est-à-dire un amas de notions et de concepts erronés.


Que veut donc dire "agir" alors ? Pause. Eh bien c’est abandonner les images que l’on a de soi. C’est le premier pas, et pas des moindres. Voit-on le danger de ne rien changer ? Voit-on réellement que l'on est responsable du désordre que nous laissons à nos enfants et que nos parents nous ont laissé ? Voit-on la vérité du chaos en soi-même ou bien est-on trop occupé à penser, à interpréter, à être pour ou contre, à condamner ? Si tel est le cas, rien ne changera.


A toutes celles et ceux qui pensent que le constat, aussi cru soit-il est pessimiste se trompent. Pessimisme et optimisme sont des notions abstraites, des étiquettes pour se rassurer, des verbalisations qui définissent plutôt l'évitement face aux faits. Ces étiquettes partisanes sont sans valeurs intrinsèques. Seul le fait a de l’importance. Le changement profond et la transformation de l’individu passent par l’attention, l’écoute puis la perception. Ça passe par la capacité à observer un fait indiscutable. Il suffit ensuite d’agir sans choisir. Le résultat est d’une autre nature. Voici la bonne nouvelle !

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